Exposition : 14/09/2017 au 28/10/2017
Du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix, 75004 Paris - Tél. +33 (0)142742636
Livre / catalogue
UNE EXPOSITION SUR LES GRANDS FLEUVES FRONTIÈRES ?
L’idée est séduisante en ces temps où l’accès à l’eau devient une question essentielle pour l’humanité. Pourquoi le Nil, le Brahmapoutre, le Colorado et le Jourdain ? Parce que ces quatre fleuves comptent parmi les plus déterminants pour nos civilisations. Qu’adviendra-t-il du Nil, s’interroge Franck Vogel, quand les besoins des riverains auront largement dépassé le débit du fleuve ? Combien de temps pourra résister le Brahmapoutre face à la multitude de barrages qui vont se dresser sur son parcours en Chine et en Inde ? Comment préserver le Colorado, étrillé à un point tel que ses eaux n’atteignent même plus son embouchure, dans le golfe de Californie ? Et qu’en sera-t-il du Jourdain, pressuré et souillé, alors qu’il se révèle un enjeu stratégique majeur dans les négociations de paix au Proche-Orient, région semi-aride ? Le défi est aujourd’hui lancé ! Comme il doit l’être pour d’autres fleuves, comme le Gange, l’Amazone, le Mékong ou le Zambèze.
L’eau, rappelons cette évidence, c’est la vie. Un bébé humain à la naissance est composé aux trois quarts d’eau, un cerveau humain adulte de 80 % d’eau ! Et plus encore pour certains animaux marins, comme les méduses. Or, contrairement aux apparences, l’eau est rare sur terre. Une mince pellicule de surface sous forme d’océan représente l’essentiel de l’eau de notre planète, le volume restant se partageant entre les nappes aquifères, les lacs, les rivières et les fleuves. Ces fleuves, précisément, sont comme des traits d’union entre les terres émergées et l’océan : ils drainent les continents et apportent tout à la mer… Ils ont, de ce fait, toujours constitué des frontières naturelles.Face à la démographie exponentielle de l’humanité et plus encore à son comportement irresponsable, les problèmes actuels sont bien connus : destruction des écosystèmes, des rives et des mangroves ; pollution aiguë de l’eau et des estuaires ; dissémination d’espèces exogènes envahissantes au détriment des poissons endémiques ; surpêche dans les cours d’eau et les estuaires ; enfin et surtout, dérèglement climatique qui affecte déjà le débit des eaux fluviales et provoque une remontée du niveau des mers qui noient épisodiquement estuaires et deltas. À de longues périodes de sécheresse, succèdent des précipitations intenses et des inondations dramatiques.Les images de Franck Vogel constituent de précieux outils pour un scientifique. En se succédant ainsi dans le temps en séquences révélatrices, elles mettent en évidence la dynamique des écosystèmes. Qu’ils traversent l’Égypte ou l’Inde, les États-Unis ou le Proche- Orient, ces grands fleuves sont aussi d’extraordinaires frontières en géopolitique. L’homme s’y agglutine et crée des désordres considérables. Ils représentent de très menaçants socio-écosystèmes en évolution rapide. Imaginons ces mêmes fleuves il y a 12 000 ans, avec seulement quelques millions d’humains sur terre, à l’orée de la domestication animale et de l’agriculture, déroulant leurs majestueux rubans d’eau pure, à peine affectée par la boue des crues… Et regardons-les aujourd’hui : contraste ô combien saisissant ! Rien n’est perdu pourtant, il faut se battre pour un avenir soutenable, pour préserver nos fleuves, ces merveilleux témoins de l’évolution humaine.Retroussons donc nos manches et cessons ces agressions permanentes vis-à-vis de nos rivières. Interdisons toute pollution, nos cours d’eau ne sont pas des poubelles ! Développons une culture réelle de l’impact de sorte que plus aucun aménagement ne se fasse sans une réflexion approfondie sur l’évolution postérieure de l’écosystème. Ces fleuves sont nos lignes de vie, ils nous sont indispensables, comme ils l’ont toujours été pour l’humanité. Sur l’autre rive, toujours démarrait l’inconnu ! Gilles Bœuf.Gilles Bœuf est biologiste, spécialiste de la biodiversité, professeur à l’Université Pierre-et-Marie-Curie, ancien président du muséum national d’Histoire naturelle et conseiller scientifique auprès de la ministre de l’Environnement Ségolène Royal.
L’idée est séduisante en ces temps où l’accès à l’eau devient une question essentielle pour l’humanité. Pourquoi le Nil, le Brahmapoutre, le Colorado et le Jourdain ? Parce que ces quatre fleuves comptent parmi les plus déterminants pour nos civilisations. Qu’adviendra-t-il du Nil, s’interroge Franck Vogel, quand les besoins des riverains auront largement dépassé le débit du fleuve ? Combien de temps pourra résister le Brahmapoutre face à la multitude de barrages qui vont se dresser sur son parcours en Chine et en Inde ? Comment préserver le Colorado, étrillé à un point tel que ses eaux n’atteignent même plus son embouchure, dans le golfe de Californie ? Et qu’en sera-t-il du Jourdain, pressuré et souillé, alors qu’il se révèle un enjeu stratégique majeur dans les négociations de paix au Proche-Orient, région semi-aride ? Le défi est aujourd’hui lancé ! Comme il doit l’être pour d’autres fleuves, comme le Gange, l’Amazone, le Mékong ou le Zambèze.
L’eau, rappelons cette évidence, c’est la vie. Un bébé humain à la naissance est composé aux trois quarts d’eau, un cerveau humain adulte de 80 % d’eau ! Et plus encore pour certains animaux marins, comme les méduses. Or, contrairement aux apparences, l’eau est rare sur terre. Une mince pellicule de surface sous forme d’océan représente l’essentiel de l’eau de notre planète, le volume restant se partageant entre les nappes aquifères, les lacs, les rivières et les fleuves. Ces fleuves, précisément, sont comme des traits d’union entre les terres émergées et l’océan : ils drainent les continents et apportent tout à la mer… Ils ont, de ce fait, toujours constitué des frontières naturelles.Face à la démographie exponentielle de l’humanité et plus encore à son comportement irresponsable, les problèmes actuels sont bien connus : destruction des écosystèmes, des rives et des mangroves ; pollution aiguë de l’eau et des estuaires ; dissémination d’espèces exogènes envahissantes au détriment des poissons endémiques ; surpêche dans les cours d’eau et les estuaires ; enfin et surtout, dérèglement climatique qui affecte déjà le débit des eaux fluviales et provoque une remontée du niveau des mers qui noient épisodiquement estuaires et deltas. À de longues périodes de sécheresse, succèdent des précipitations intenses et des inondations dramatiques.Les images de Franck Vogel constituent de précieux outils pour un scientifique. En se succédant ainsi dans le temps en séquences révélatrices, elles mettent en évidence la dynamique des écosystèmes. Qu’ils traversent l’Égypte ou l’Inde, les États-Unis ou le Proche- Orient, ces grands fleuves sont aussi d’extraordinaires frontières en géopolitique. L’homme s’y agglutine et crée des désordres considérables. Ils représentent de très menaçants socio-écosystèmes en évolution rapide. Imaginons ces mêmes fleuves il y a 12 000 ans, avec seulement quelques millions d’humains sur terre, à l’orée de la domestication animale et de l’agriculture, déroulant leurs majestueux rubans d’eau pure, à peine affectée par la boue des crues… Et regardons-les aujourd’hui : contraste ô combien saisissant ! Rien n’est perdu pourtant, il faut se battre pour un avenir soutenable, pour préserver nos fleuves, ces merveilleux témoins de l’évolution humaine.Retroussons donc nos manches et cessons ces agressions permanentes vis-à-vis de nos rivières. Interdisons toute pollution, nos cours d’eau ne sont pas des poubelles ! Développons une culture réelle de l’impact de sorte que plus aucun aménagement ne se fasse sans une réflexion approfondie sur l’évolution postérieure de l’écosystème. Ces fleuves sont nos lignes de vie, ils nous sont indispensables, comme ils l’ont toujours été pour l’humanité. Sur l’autre rive, toujours démarrait l’inconnu ! Gilles Bœuf.Gilles Bœuf est biologiste, spécialiste de la biodiversité, professeur à l’Université Pierre-et-Marie-Curie, ancien président du muséum national d’Histoire naturelle et conseiller scientifique auprès de la ministre de l’Environnement Ségolène Royal.