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PADIÈS
HIER JUSQU’AU BOUT


Loïc TRUJILLO


Masque et mesures barrières obligatoires !
Exposition : 08/09/2021 au 02/10/2021

58 rue Quincampoix

Dossier de presse

Louis et sa sœur vivent à La Croix de Cors, situé à Padiès, commune du département du Tarn. Ce sont les seuls habitants de ce lieu-dit. Non loin de là, à Carrade exactement, vit Gilbert Nègre, né en 1932, et au lieu-dit Champ d’Albi, à peine plus loin, vit Jean-Pierre Bouyssie, un « jeune » voisin, né en 1967 ainsi que Denise Massol, née en 1938 et décédée en 2018.
Tous ces lieux-dits, ces hameaux tels que celui de Ginals, où vivaient il y a encore quelque temps Odile Puech et son chien Dick, évoquent une même façon de vivre, emprunte d’autrefois.
Se souvient-on qu’il y a quelques décennies encore, plus de cent cheminées brûlaient à Padiès et l’école accueillait jusqu’à soixante-dix enfants. Un village était une société. Une multitude d’artisans peuplaient les campagnes, charrons, bourreliers, menuisiers, forgerons, maréchal-ferrant, sabotiers, tonneliers…
Ce sont aujourd’hui des petits bouts du monde qui témoignent de la fin d’un monde. Ce travail évoque le dépeuplement de ces lieux de vie, l’isolement et la solitude que cela induit.

Ce sont les vestiges d’une ancienne ferme située à Padiès, commune du département du Tarn, qui apparaissent au mois de décembre lors de la baisse annuelle du niveau du Cérou, rivière qui constitue une réserve d’eau importante grâce au barrage de Saint-Géraud, construit en 1992. L’on aperçoit alors au travers des éboulis ce qui était un four à bois, encore en usage il y a soixante ans. Il est facile de s’imaginer la vie qui animait cet endroit. C’était hier.

« – Ici, se trouvait le potager – dit Louis… ».
Il désigne d’un geste de la main l’emplacement délimité par des murets encore intacts puis tournant légèrement son regard vers la droite indique ce qui reste de l’étable.
« – Un jour, un sabotier s’était arrêté dans cette demeure où vivaient mes parents dit-il. Je devais avoir 5 ans, c’était juste après la guerre. Mon père et lui étaient partis un matin pour choisir un arbre dans la forêt, c’était souvent du bois d’Aulne, car plus léger. Il fabriquait dans un même tronc tous les sabots pour la famille, en échange du gîte et de quelques sous. Quand il faisait froid, on balançait des braises dans les sabots pour les réchauffer…
Désormais on voit beaucoup de bois mort et d’arbres couchés dans les forêts. C’est désolant de voir l’état des chênes, des châtaigniers, de l’aulne. Les arbres crèvent. Avant on disait il est rude comme un chêne. »
« – Hier, l’on baptisait les vaches : Ponpon, la Rousselle, la Figuette. Maintenant elles sont juste un numéro, elles vont pas à l’abattoir, elles vont à la casse. On leur fout un coup de pétard et elles terminent sur un crochet. »
« – Hier, il fallait arpenter les chemins à travers bois pour se rendre à l’école, une gamelle de soupe à la main et quelques châtaignes au fond des poches. Il y avait plus de 100 cheminées qui brulaient à Padiès et l’école accueillait jusqu’à 70 enfants. Une multitude d’artisans peuplaient les campagnes, charrons, bourreliers, menuisiers, forgerons, maréchal-ferrant, sabotiers, tonneliers… Un village était une société, maintenant il est essentiellement constitué de maisons secondaires, de grandes exploitations agricoles et parfois d’anciennes demeures qui tombent en ruine. »

Louis vit désormais un peu plus haut à La Croix de Cors avec sa sœur. Ce sont les seuls habitants de ce lieu-dit. Non loin de là, à Carrade exactement, vit Gilbert Nègre, né en 1932, et au lieu-dit Champ d’Albi, à peine plus loin, vit Denise Massol, née en 1938 ainsi que Jean-Pierre Bouyssie, un « jeune » voisin, né en 1967. Tous ces lieux-dits, ces hameaux tels que celui de Ginals où vivaient il y a encore quelque temps Odile Puech et son chien Dick évoquent une même façon de vivre, empreinte d’autrefois. Ce sont des petits bouts du monde qui témoignent de la fin d’un monde. C’était hier.

Loïc Trujillo