REPORTER DE GUERRE

YAN MORVAN


Editeur : EDITIONS DE LA MARTINIERE
Année de parution : 2012


Yan Morvan publie ce mois ci, en français, aux éditions de La Martinière « Reporter de guerres », un livre de souvenirs dont l’initiative revient à Aurélie Taupin. Bien sûr, Yan Morvan fut correspondant de guerre. Avec sincérité, Yan Morvan relate cette matinée du 23 octobre 1983 où deux attentats meurtriers frappèrent les forces américaines et françaises. Sa photo d’une main de soldat emprisonnée sous les décombres de l’immeuble du Drakkar (le PC des soldats français) fera le tour du monde. Mais si ce livre de souvenirs s’intitule reporter de guerres, au pluriel, c’est que Morvan s’intéresse à toutes les guerres, à tous les conflits, y compris ceux rangés dans la catégorie « société ». Depuis quarante ans, il « couvre » aussi la guerre des gangs, celles des marginaux de la banlieue parisienne. "A dix minutes des portes de Paris, il y a aussi des gangs qui défendent leur territoire. Celui où ils vendent la drogue."Sur les fronts de Yougoslavie, ceux du Rwanda ou de Grigny (charmante cité de la banlieue parisienne) Morvan va jusqu’au bout. Pour "Gang", un de ses livres avec Jean-Marc Barbieux, il va se plonger dans un monde d’où il ne ressortira pas indemne. Cela lui vaudra quelques belles dérouillées, des scoops et des interrogatoires de police, ou de milice… Il sait ce que c’est "d’être attendu en bas de chez soi", d’être sur la liste des prochains otages, des prochains morts… Iconoclaste, esclave de sa curiosité, Yan Morvan s’est intéressé, avec la même avidité sur le monde du sexe. "Mondosex", son « petit catalogue raisonné des comportements sexuels à l’aube du XXIème siècle. » est aujourd’hui un "collector".
 Impossible de vous raconter toutes les aventures de Yan Morvan. Quand je lui fais part de l’abondance et de la qualité de sa production, il me rétorque qu’il en a "encore plein dans les tiroirs ! Je ne sais pas m’arrêter, et je ne prends pas toujours le temps d’exploiter ce que je fais".
 Sa vie est chaque jour un combat. Une lutte perpétuelle pour obtenir les meilleures informations dans le domaine du jour. C’est un remarquable journaliste. Mais sa vie est également une éternelle bataille avec lui-même pour aller plus loin dans son univers de créateur… …Je l’ai connu il y a pratiquement quarante ans, débutant avec un seul boitier et un seul objectif. Jeune reporter chien fou. Je l’ai retrouvé à La Lettre photographe complet et accompli, cherchant sans cesse l’innovation, cherchant à mettre des techniques assimilées avec l’ardeur d’un jeune passant un concours, au service de sa vision du monde, d’une création contemporaine…

A lire absolument, particulièrement pour les jeunes photographes. A ces derniers, je recommande également ses trois indispensables manuels de photojournalisme. Michel Puech