OUR WORLD NOW 5

REUTER


Editeur : THAMES & HUDSON
Année de parution : 2012


J’ai quitté mon poste de directeur éditorial chez Magnum, à Paris, en 2003, pour rejoindre Reuters où Monique Villa, présidente de Reuters Media à cette époque (maintenant PDG de la Thomson Reuters Foundation) voulait réagir à un marché en transformation et développer la photographie d’information d’une manière plus contemporaine que l’approche traditionnelle de la dépêche(…).L’un de nos premiers projets a été d’établir un partenariat avec l’éditeur britannique prestigieux Thames & Hudson, particulièrement reconnu pour ses albums photographiques. Nous voulions constituer un témoignage visuel, en sélectionnant dans les archives depuis le début des années 2000, parmi 500000 photos, en cherchant de nouvelles perspectives, un nouveau ton, afin d’établir Reuters comme l’un des fournisseurs-clés d’images et de reportages pour le monde entier. Nous avons publié The State of the World (L’état du monde) en dix langues, en 2006, et son succès nous a permis d’éditer une nouvelle série de livres intitulée Our World Now (Notre monde aujourd’hui). La série est devenue un objet collector et nous avons pu ainsi présenter la documentation que nous réalisons de notre époque à un nouveau public.Éditer ces livres est un processus accompli tout au long de l’année, découpé sur chaque trimestre. Il y a quelque chose d’extrêmement addictif dans le fait de sélectionner parmi 1600 images quotidiennes, réalisées, retravaillées, et éditées par nos équipes à travers le monde. Après une sélection préliminaire, Johanna Neurath, la directrice conception de Thames & Hudson et moi imprimons des vignettes et commençons à coller des séries d’images sur les murs de salles de réunions géantes de Londres ou de Paris. Sans essayer de recréer des événements à travers les photographies, nous voulons plutôt susciter surprise et intérêt à leur propos. Certains d’entre eux sont traités frontalement, comme la Lybie, d’autres demandent un certain recul, comme le tsunami japonais, dans le but de mieux comprendre l’épreuve subie par la population locale. Le caractère unique de ce cinquième volume provient du fait que nous avons découvert les visages de beaucoup de gens que nous n’avions jamais photographiés auparavant, le « printemps » du monde arabe, le groupe se qualifiant lui-même de « 99% », la famine cachée en Corée du Nord, le désespoir de la Rust Belt (Amérique industrielle du nord-est) autrefois prospère, et l’espoir sans précédent pour un changement à l’échelle mondiale. Reuters, en tant que plus grande organisation mondiale d’information, touche plus d’un milliard de personnes par jour, et quand je pense à cela, ce qui me frappe, c’est qu’il y a toujours un individu derrière un article, une vidéo, une photographie. Voici une citation du photographe primé Damir Sagolj à propos de sa pièce The Hague Hilton, l’unité de détention du Tribunal pour les crimes de guerre :
 
Je n’ai cessé de suivre leur trace ensanglantée depuis maintenant 20 ans. En tant que Bosnien et en tant que photojournaliste, je les ai traqués à travers les ruines de Sarajevo, jusqu’aux charniers de l’est de la Bosnie et dans des villages victimes de nettoyage ethnique et détruits à jamais. J’ai suivi leurs crimes de guerre avec la détermination du journaliste et la culpabilité du survivant.