The living Art of Risqué
MARIE NARONNET
Editeur : ANDRE FRERE
Année de parution : 2014
Cherchant à rencontrer des stripteaseuses plus âgées, je me suis retrouvée avec des show girls. Leur mépris affiché des stripteaseuses eut le don d’éveiller ma curiosité. J’ai un faible pour les laissés pour compte. Ils tendent à se donner plus de mal.
De strip clubs en cabarets Burlesques, je me suis mise en quête de ces “Legends”, ces figures mythiques de l’art éminemment américain du striptease. Au cours des heures de confidences enregistrées et de séances photo intimes, elles se mettent à nu et, avec émotion révèlent les secrets enfouis de leur existence. Leurs souvenirs font écho à la mémoire de la nation. Les vétérans du Vietnam et les Hells Angels sont leurs fidèles.
Candeur et décadence. Cet art a connu son âge d’or, balayé par l’industrie du sexe, mais ses icônes en ont conservé l’aura magique. De tous les âges, de 60 à 95 ans, elles n’ont jamais fait la couverture des magazines chics. Séduisantes reines de “l’effeuillage”, dénudées mais jamais nues, espèce féminine en voie de disparition, elles ont atteint ces pages.
Quand j’ai eu 20 ans, pour mon premier ouvrage photographique, j’ai mis mon corps à l’œuvre dans une série d’autoportraits abstraits. Seule avec l’essentiel, un petit studio tapissé de papier noir était mon théâtre, et ma peau blanche pour costume. Essayant postures et lumières, je faisais de cette femme un “transformer” polymorphe, transcendant les contorsions de mon corps en figures d’un ballet primitif. Cette représentation subversive disait il y a plus d’invention et de découverte dans le corps d’une femme que beauté, sexe ou nudité. D’une rencontre furtive dans un strip club de New York, le Blue Angel, j’ai senti que ces femmes et moi étions sœurs. Reconnaissant leur art, j’ai cherché a les connaître. Nous étions toutes des illusionnistes. Elles faisant glisser leur déguisement pour provoquer et agiter les sens de leur public, et moi, déguisée en nu, inventant d’un corps humain d’inattendues et provocantes figures. Burlesque sans le savoir.
Stripteaseuse. Ecdysiaste pour la haute société. Du grec ecdysis : qui se débarrasse d’une couche extérieure de tégument, comme font serpents ou insectes. Acte naturel de transfiguration. Pure mutation artistique sous nos yeux.
Ne nous y trompons pas. Chacune d’elles est un vrai entrepreneur du “rêve américain”. Elles ont conquis leur chair et leur indépendance, leur sexe et leur économie, et elles en ont payé le prix fort. Célébrité, déchéance, addictions, solitude, indigence, tout ce qui va avec la vie quand il n’y a plus qu’à vivre. Elles sont là, avec humour et grâce. C’est ce qui fait d’elles des “Legends”.
Ensemble, nous avons joué une scène ou deux du film de leur vie, et à ces moments-là je voyais l’enfant en moi. Comme si l’avènement de toute femme incluait les gestes et les rituels intimes de séduction des petites filles que nous avons été. Des gestes qui nous accompagnent toute notre vie.
En rendant hommage à ces artistes, je souhaite honorer ma mère et sa mère farouche, ainsi que la femme plus vieille que je serai un jour, atteignant cet âge où la flamboyance attenuée de la chair laisse voir plus de l’âme originelle.
Corps âgés, trophées anciens. Souvenirs d’adulation et transes érotiques ont une façon d’animer et de transfigurer avec innocence ces femmes magnifiques devant nous.
De strip clubs en cabarets Burlesques, je me suis mise en quête de ces “Legends”, ces figures mythiques de l’art éminemment américain du striptease. Au cours des heures de confidences enregistrées et de séances photo intimes, elles se mettent à nu et, avec émotion révèlent les secrets enfouis de leur existence. Leurs souvenirs font écho à la mémoire de la nation. Les vétérans du Vietnam et les Hells Angels sont leurs fidèles.
Candeur et décadence. Cet art a connu son âge d’or, balayé par l’industrie du sexe, mais ses icônes en ont conservé l’aura magique. De tous les âges, de 60 à 95 ans, elles n’ont jamais fait la couverture des magazines chics. Séduisantes reines de “l’effeuillage”, dénudées mais jamais nues, espèce féminine en voie de disparition, elles ont atteint ces pages.
Quand j’ai eu 20 ans, pour mon premier ouvrage photographique, j’ai mis mon corps à l’œuvre dans une série d’autoportraits abstraits. Seule avec l’essentiel, un petit studio tapissé de papier noir était mon théâtre, et ma peau blanche pour costume. Essayant postures et lumières, je faisais de cette femme un “transformer” polymorphe, transcendant les contorsions de mon corps en figures d’un ballet primitif. Cette représentation subversive disait il y a plus d’invention et de découverte dans le corps d’une femme que beauté, sexe ou nudité. D’une rencontre furtive dans un strip club de New York, le Blue Angel, j’ai senti que ces femmes et moi étions sœurs. Reconnaissant leur art, j’ai cherché a les connaître. Nous étions toutes des illusionnistes. Elles faisant glisser leur déguisement pour provoquer et agiter les sens de leur public, et moi, déguisée en nu, inventant d’un corps humain d’inattendues et provocantes figures. Burlesque sans le savoir.
Stripteaseuse. Ecdysiaste pour la haute société. Du grec ecdysis : qui se débarrasse d’une couche extérieure de tégument, comme font serpents ou insectes. Acte naturel de transfiguration. Pure mutation artistique sous nos yeux.
Ne nous y trompons pas. Chacune d’elles est un vrai entrepreneur du “rêve américain”. Elles ont conquis leur chair et leur indépendance, leur sexe et leur économie, et elles en ont payé le prix fort. Célébrité, déchéance, addictions, solitude, indigence, tout ce qui va avec la vie quand il n’y a plus qu’à vivre. Elles sont là, avec humour et grâce. C’est ce qui fait d’elles des “Legends”.
Ensemble, nous avons joué une scène ou deux du film de leur vie, et à ces moments-là je voyais l’enfant en moi. Comme si l’avènement de toute femme incluait les gestes et les rituels intimes de séduction des petites filles que nous avons été. Des gestes qui nous accompagnent toute notre vie.
En rendant hommage à ces artistes, je souhaite honorer ma mère et sa mère farouche, ainsi que la femme plus vieille que je serai un jour, atteignant cet âge où la flamboyance attenuée de la chair laisse voir plus de l’âme originelle.
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Lettre d’information
75004 Paris – France
+33 (0)1 42 74 26 36
ouverture du mercredi au samedi
de 13h30 à 18h30. Entrée libre
M° Rambuteau – Les Halles
Pour Que l’Esprit Vive
Association loi 1901 reconnue d’utilité publique
Siège social :
20 rue Lalande
75014 Paris – France
T. 33(0)1 81 80 03 66
www.pqev.org
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