Laurent DESMARD
Editeur : Hoëberke
Année de parution : 2006
Nombre de pages : 128
ISBN 13 : 978-2842302665
Cet album réunit quelques deux cents photos, inédites ou inconnues du grand public, pour faire découvrir le destin hors du commun d’un fils de bonne famille : Henri Grouès devenu l’abbé Pierre. Toutes issues du fonds Emmaüs ou des archives privées de l’abbé Pierre. Un voyage dans l’existence d’une des plus grandes personnalités du XXe siècle, un parcours qui se déroule comme une fresque aux multiples étapes. Jeune, il découvre la vie de Saint-François d’Assise, entre dans les ordres et choisit la discipline la plus dure, celle des Capucins. Neuf ans plus tard, on le retrouve vicaire à Grenoble. Lorsque la guerre éclate, ce sera le début de son engagement : il fonde le premier maquis du Vercors et devient passeur clandestin. Dénoncé, il doit fuir, capturé, il s’évade pour rejoindre de Gaulle à Alger. Le calme revenu, l’abbé Pierre rentre en politique et devient député. La grande histoire de l’abbé Pierre commence parallèlement : il fonde Emmaüs, développe la communauté des biffins. L’hiver 54 est meurtrier pour les sans-logis, l’abbé lance son célèbre appel : c’est l’ «insurrection de la bonté» dans la France entière. Son action fait le tour du monde, il fonde des communautés sur tous les continents. Les moments de cette vie, la photographie nous les restitue en autant d’étapes marquées par des témoignages iconographiques d’une rare intensité. Aujourd’hui avec ces images fortes, l’abbé retrouve les hommes et les lieux qui ont compté, ses actions innombrables. Il se souvient de tous ces instants et confie pour ce livre ses souvenirs, ses impressions, ses idées, ses colères. Extrait du livre : « Un dimanche, collé pour quelques mauvaises notes, probablement, je n’avais pas eu l’autorisation de rentrer à la maison. Depuis quelque temps, un grand me poursuivait de ses avances. Je ne voulais en parler à personne, mais je ne voulais plus rester dans cette école. Un jour, n’y tenant plus, je m’enfuis de l’établissement. Parvenu à la maison, tout essoufflé, genoux saignants car j’avais trébuché, mes sœurs et ma mère me dorlotèrent. Le lendemain, j’avais beaucoup de fièvre. On fit venir le médecin, il diagnostiqua les oreillons. Quand arriva enfin la lettre du collège relatant mes exploits, mon évasion, j’étais alité et on n’eut pas le courage de me réprimander. Les vacances arrivèrent à point, et mon père décida de nous faire quitter la pension. De cet épisode, je tirai la conclusion que la chance m’accompagnait. M’est également venue, tout au long de ma vie, l’audace de prendre des risques porté par le sentiment que ce qui était juste ne raterait jamais. » Pas étonnant dans ces conditions que le petit Henri intègre la première troupe de scouts de Lyon. Ses camarades, bien observateurs, le baptisèrent «Castor méditatif». Pouvaient-ils se douter qu’un jour, devenu abbé Pierre, le petit Henri serait bâtisseur de logements ? Ils savaient en tout cas que l’exercice de la méditation était dans sa nature. Henri est d’une constitution fragile, souvent souffrant, mais ses maladies à répétition sont liées aux exigences intimes auquel l’enfant se livre. « Je pensais : « Tu es chrétien et tu te prépares à engager toute ta vie selon cette foi. Mais si tu étais musulman, agnostique, ou bouddhiste, tu t’engagerais tout autrement, qu’est-ce qui t’assure que tu ne te trompes pas ? » J’étais vidé, je ne savais plus ou j’en étais. Dès ce jour, je menai une recherche tourmentée, je n’ai jamais cessé de travailler à comprendre, au-delà de toute affirmation reçue. Un jour de l’année 1927, son adolescence l’amène en Italie sur les pas de saint François d’Assise. L’émotion est au rendez-vous. « Nous faisions un pèlerinage avec le collège. Nous étions hébergés par l’habitant et, la première nuit, je n’arrive pas à dormir. Alors je me lève et je pars sur un chemin montant qui devait me conduire à la Rocca. Là, je me suis assis. Devant ce paysage merveilleux du petit matin, j’ai ressenti une joie immense, un bonheur plein. (Cétait Pâques, les carillons se sont mis à tinter partout dans l’air. Je ne connaissais rien de la vie de saint François, ce n’était pas sa personne qui me saisissait, mais la beauté du spectacle à l’aube, et pourtant, je suis certain que ce moment imprégna tout ce qui allait m’advenir par la suite. L’après-midi nous nous sommes rendus aux Carceri, un petit couvent dans la montagne, où François aimait aller. Là, j’écoutais le moine qui détaillait la vie de saint François et ses compagnons. Sur le chemin du retour, je n’étais déjà plus le même et il me sembla que la solitude m’apporterait plus de rencontres qu’une vie sociale classique. Il me sembla aussi que l’adoration était indissociable de l’action. Aujourd’hui encore, quand je retourne aux Carceri, j’embrasse la terre là où jadis tout a changé pour moi, au bout du petit chemin à flanc de colline. «Un peu plus tard, je me plongeai dans un merveilleux ouvrage sur la vie de saint François. Il me poussa à relire les Évangiles sous son éclairage. Ce fut une révélation : la plus grande force de Dieu est sa pauvreté, non pas pauvreté d’indigence, comme nous l’entendons généralement, mais pauvreté de non-suffisance. L’amour ne se suffit pas à lui-même : il a besoin des autres. Saint François le voyait de manière très forte, quand, en larmes, il disait : « L’amour n’est pas aimé. »
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