GORDON PARKS
PHOTO POCHE N°147

GORDON PARKS


Editeur : ACTES SUD
Année de parution : 2013


Le photographe, cinéaste et écrivain américain Gordon Parks aurait eu cent ans en 2012 ; son centenaire posthume a permis de remettre internationalement en lumière l’oeuvre de ce photoreporter et journaliste engagé, à la destinée exceptionnelle, dont la contribution à l’histoire politique des États-Unis du xxe siècle apparaît aujourd’hui d’une réelle importance.
Sans doute, également, l’accession de Barack Obama à la présidence suprême a-t-elle favorisé une prise de conscience des mutations connues par l’Amérique en un peu plus d’un demi-siècle, mutations issues pour une large part des mouvements et luttes pour l’égalité des droits civiques et l’abolition effective de la ségrégation raciale dont Gordon Parks a été le témoin et le porte-drapeau.
Dans un pays qui a fait de la figure du pionnier une source mythologique de l’héroïsme national, la biographie de Gordon Parks prend des allures d’épopée : premier photographe noir à rejoindre la prestigieuse FSA (Farm Security Administration), premier journaliste à réaliser un reportage sur un gang d’Harlem (1948), premier photoreporter noir à intégrer le staff permanent du magazine Life, premier réalisateur afro-américain à s’imposer à Hollywood (Shaft, 1971), la dimension pionnière de l’oeuvre de Parks est véritablement exemplaire.Né en 1912 à Fort Scott, petite ville du Kansas, Gordon Parks est le cadet d’une famille pauvre de quinze enfants. Orphelin de mère à dix-sept ans, pour survivre il multiplie les petits métiers, et découvre avec fascination le reportage
photographique dans les pages des magazines qu’il ramasse dans les trains où il est employé. Parfaitement autodidacte, il s’achète un appareil d’occasion et entame à vingt-cinq ans une carrière de photographe indépendant. Boursier de la Fondation Rosenwald, une association qui promeut les jeunes talents noirs, il est remarqué en 1942 par Roy Stryker, célèbre patron de la FSA, qui l’invite à rejoindre son équipe de prestigieux photographes (Walker Evans, Dorothea Lange, Ben Shahn) et l’incite à développer et affirmer son propre style documentaire.