COCA CHE

Luc CHESSEX


Editeur : EDITORIAL RM
Année de parution : 2016


Le photographe suisse Luc Chessex a vécu à Cuba entre 1961 et 1975. Il travaille alors au magazine Cuba Internacional. L’agence de presse cubaine Prensa Latina le nomme correspondant pour l’Amérique latine et l’envoie en mission avec son rédacteur en chef. Après un bref séjour au Chili, où Salvador Allende vient d’être élu président, il se rend en Bolivie où le gouvernement vient juste de lever l’interdiction de voyage dans la zone où le petit groupe de Che Guevara est tombé dans une embuscade. Le Che fut blessé dans l’affrontement et assassiné le jour suivant. La photo représentant son cadavre exposé dans la buanderie de l’hôpital Vallegrande a été diffusée dans le monde entier. Le gouvernement cubain désire trouver les restes du Che et lui donner un enterrement digne du rôle qu’il a joué à Cuba. Après trois mois consacrés à suivre son itinéraire bolivien, les efforts aboutissent à la découverte d’une montre-bracelet et d’une pipe ayant appartenu au Che. Son corps n’a finalement été retrouvé qu’en 1997, dans un charnier près de l’aéroport Vallegrande.Luc Chessex revient à Cuba avec une interrogation : comment le Che, considéré comme le plus grand stratège de la guérilla, a pu commettre l’erreur fatale de tenter d’implanter la lutte armée sur un territoire où elle n’avait aucune chance de prendre racine ? Les relations des guérilleros avec les paysans se limitaient à la nourriture que ces derniers leur fournissaient avant d’informer l’armée dès qu’ils avaient le dos tourné. Comment le Che a pu se tromper à ce point ?Sur le chemin du retour à la Havane, il trouve l’image omniprésente du Che, flottant sur les champs et les rues des villes et villages latino-américains. Il raconte dans le livre qui vient de paraître : « Deux icônes se disputaient ainsi la possession du paysage latino-américain : l’élixir inventé à Atlanta en 1886 par le pharmacien John Pemberton et l’image du révolutionnaire Che Guevara. D’un côté, “un signe de bon goût” et de l’autre, Hasta la victoria siempre / “Créez deux, trois, beaucoup de Vietnam”, comme une réponse à “les choses vont mieux avec le coca”. La lutte était féroce et sans quartier. L’homme qui, dans un suicide irrationnel, un sacrifice de soi, n’avait réussi qu’à provoquer la méfiance des campesinos boliviens était soudainement devenu le porte-étendard d’une jeunesse bien décidée à rompre avec l’ordre établi. Selon Régis Debray, un malentendu fertile : “la révolte antiautoritaire de 1968 a pris, de Paris à Berkeley, comme bannière ce partisan de l’autoritarisme à outrance. Une vague de sensibilité permissive et naturiste, a élevé au firmament un puritain dogmatique ».