À l’occasion du 70ème anniversaire de l’Association les petits frères des Pauvres
Exposition : 09/11/2016 au 17/12/2016
Du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix, 75004 Paris - Tél. +33 (0)142742636
« Les petits frères » et la photographie
L’Association les petits frères des Pauvres a eu recours à la photographie comme moyen de communication à la fois institutionnel et militant dès les années 1980 avec le projet d’une grande exposition sur l’image de la vieillesse conçu dans la perspective du 40ème anniversaire de sa fondation.
L’association fait ainsi partie des premières organisations humanitaires qui, en France, ont perçu la place que la photo était en train de prendre comme art majeur dans notre société.
C’est à partir de cette époque en effet qu’a explosé le nombre des événements proprement photographiques (expositions, salons, rétrospectives, festivals et prix), que sont apparus les institutions publiques et privées spécifiques (centres, fondations, fonds) et les lieux spécialisés (galeries, centres, espaces muséographiques), que se sont développées les publications (livres et revues) et la marchandisation de la photo (posters, cartes postales, produits dérivés…).
C’est à partir de cette époque également que les photographes ont acquis un statut et une notoriété comparables à ceux des autres artistes et qu’est né un véritable marché lucratif et spéculatif de la photographie.
Le projet de cette exposition (conduit en collaboration avec le photographe Jean-Marc Vantournhoudt) est à l’origine de deux rencontres essentielles : d’une part celle de Martine Franck (de l’Agence Magnum), qui s’est immédiatement proposée pour réaliser un reportage sur l’action de l’Association et, d’autre part, celle de Robert Delpire (alors directeur du Centre National de la Photographie qu’il venait de créer).
L’exposition constituée de plus de cent-cinquante images de photographes du XXème siècle a été présentée au Palais de Tokyo à Paris puis a circulé en France et dans plusieurs pays (notamment au Canada à l’occasion de l’ouverture du Musée de la civilisation de Québec).
Elle a donné lieu à l’édition d’un catalogue intitulé Un si grand âge, préfacé par Danielle Sallenave.
Le reportage de Martine Franck a, lui aussi, fait l’objet d’une exposition et d’un livre, De temps en temps, préfacé par Claude Roy. Il reste un modèle de ce qui peut être fait – par un photographe – pour une association.
Robert Delpire a proposé ensuite de réaliser un Agenda des petits frères réunissant chaque année des photos consacrées à des thèmes différents.
Ont ainsi été publiés entre 1989 et 2002 quatorze agendas (sur les animaux, les fleurs, la musique, le sport, …) avec des images de photographes aussi prestigieux et mondialement connus que Cartier-Bresson, Doisneau, Erwitt, Penn, Riboud…
Cette série des Agendas des petits frères a contribué à donner une image nouvelle de l’Association auprès de publics qu’elle ne touchait pas jusque-là (notamment des entreprises).
Parallèlement à la publication de ces Agendas et en reprenant certaines de leurs photos, l’Association a créé des séries de posters et de tee-shirts destinés à la clientèle des jeunes.
En raison de la qualité de leurs images et de leur édition, ces quatorze Agendas des petits frères (totalisant plus de 700 visuels) constituent aujourd’hui l’une des plus belles anthologies thématiques photographiques existante.
À la même époque, l’Association a développé l’ambitieux projet d’une série de reportages sur la pauvreté en Europe à la fin du XXème siècle. Ceci à nouveau avec la collaboration de Jean-Marc Vantournhoudt. Plus de quinze photographes ont participé à sa réalisation (parmi lesquels Jean-Louis Courtinat, Luc Delahaye, Martine Franck, Milomir Kovacevik, Sarah Moon, Sebastião Salgado, …). Cet ensemble de reportages a fait l’objet d’une exposition à l’Hôtel-de-Ville de Paris (qui a été la première exposition photographique dans ce lieu) puis à Barcelone ainsi que d’un livre intitulé Pauvres de nous.
Outre ces projets institutionnels, l’Association a, depuis les années 1980, aidé un certain nombre de photographes à réaliser des travaux personnels sur la vieillesse et la pauvreté.
La représentation des personnes âgées dans la photographie a beaucoup changé au cours de ces trois décennies. Jusque là elle répondait le plus souvent à des stéréotypes anciens : certains inspirés par la littérature du XIXème siècle (Hugo, Daudet…) et d’autres dont l’objet était de susciter des émotions immédiates (l’attendrissement ou la pitié).
Les véritables sujets de reportage sur les personnes âgées ne retenaient qu’exceptionnellement l’attention des photographes. Les exemples de Giacomelli avec son travail sur l’hospice de Senigallia ou celui de Martine Franck étaient de très rares exceptions. S’intéresser aux personnes âgées était d’ailleurs une contre-indication pour un jeune photographe en quête de reconnaissance.
On compterait aujourd’hui – pour la France seulement – des centaines de travaux de qualité sur ce sujet qui a pris sa place dans les thématiques de la photo. Le panorama que la photographie présente aujourd’hui de la vieillesse est divers et complexe. Comme la réalité qui s’est elle-même diversifiée et complexifiée. Les styles et les approches sont variés.
On ne peut que se féliciter de la contribution de la photographie aux problématiques de la vieillesse, qui est un enjeu majeur de notre temps et, bien sûr, du rôle qu’a joué l’Association les petits frères des Pauvres et avec elle plusieurs personnalités amies du monde de la photo dans le développement de l’intérêt des photographes pour les personnes âgées.
L’exposition Objectif Vieillesse organisée à l’occasion de son 70ème anniversaire s’inscrit donc dans ce mouvement et répond à la vocation d’alerter et de témoigner des petits frères des Pauvres.
Michel Christolhomme
Président de l’association Pour Que l’Esprit Vive