Exposition : 07/06/2011 au 23/07/2011
58 rue Quincampoix
La plus longue frontière française côtoie le Brésil le long de l’Oyapock dans l’Est guyanais. Ce fleuve a été et reste une voie de communication naturelle entre les deux pays. La construction d’un pont entre Saint-Georges-de-l’Oyapock en Guyane et Oyapoque dans l’État de l’Amapá au Brésil va bientôt permettre le passage du fleuve. L’État français entend maintenant contrôler cette frontière.
Soutenue par la métropole et à l’aide des subventions européennes, la Guyane fait figure d’eldorado dans le bassin amazonien. Pourtant, la Guyane produit peu, importe ce qu’elle consomme et vit d’aides sociales. L’économie dépend du littoral et de l’activité du centre spatial. Pas de routes, seulement les fleuves, l’intérieur couvert à plus de 90 % de forêt primaire reste parmi les plus riches et les moins écologiquement fragmentés du monde. Le bois et l’or sont les principales ressources naturelles du département français, mais la rareté des pistes forestières freine heureusement
l’exploitation de la forêt.
Dans ce contexte, les populations de l’intérieur se débrouillent… et développent avec l’or une économie parallèle qui produit pour l’exportation. Ici on creuse. Les techniques et la main-d’œuvre sont brésiliennes, les patrons français. Sur la piste de Saint-Georges, les 4×4 ne désemplissent pas d’ouvriers venus d’Oiapoque à la recherche d’employeurs. Avec 3 503 habitants, Saint-Georges abrite une population cinq fois moins nombreuse qu’à Oiapoque, sur la rive brésilienne, mais avec un salaire minimum quatre fois plus élevé. Avec l’arrivée du pont, on ne passe plus. Le projet de construction de pont sur l’Oyapock lancé lors d’une rencontre entre les présidents Chirac et Cardoso se
concrétise finalement par la signature d’un accord par les présidents Chirac et Lula da Silva. Il vise à la création d’une liaison routière, comportant un pont sur l’Oyapock qui reliera les communes de Saint-Georges, en Guyane, et d’Oiapoque, dans l’État de l’Amapá. Le Brésil travaille à son expansion et termine la mise aux normes de la BR-156, une piste de 600 km qui relie la frontière à Macapá, sur l’embouchure de l’Amazone.
Pour l’Europe, cette zone est la porte d’entrée en Amérique du Sud. Le chantier du pont et de ses raccordements routiers s’achève avec quelques mois de retard. Le délai de livraison de l’ouvrage, initialement prévu en décembre 2010, est finalement repoussé. La consule du Brésil, Ana Beltrame, avait annoncé une date vers mars-avril pour l’inauguration du pont, en présence des présidents Sarkozy, Lula et Dilma Rousseff. L’ouverture devrait plus vraisemblablement se faire avant la fin de l’année 2011.
Christophe GIN