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LE MUR ET LA PEUR
Inde - Bangladesh 2012 / 2013


Gaël TURINE

Exposition : 28/01/2015 au 28/02/2015
Du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30

Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix, 75004 Paris - Tél. +33 (0)142742636

Livre / catalogue

Quelle que soit l’appellation – mur, barrière ou clôture –, la construction par un état d’une séparation physique avec un pays voisin démontre l’échec de la diplomatie et de la conciliation, laissant la radicalisation l’emporter. Jamais, depuis le Moyen-Age, autant de murs, barrières et clôtures n’auront été érigés à la frontière entre deux pays, ou de plus anciens murs rénovés ou reconsolidés.
Ces murs attisent les tensions, aggravent les précarités, accentuent les fossés culturels et religieux entre les peuples, sans solutionner les problèmes qui poussent les gens à émigrer.

Dès 1993, l’Inde a entamé la construction d’un mur de séparation de trois mille deux cents kilomètres tout au long de sa frontière terrestre avec le Bangladesh. Fait de briques dans quelques villes frontalières et d’une double haute clôture de fils de fer barbelés dans les campagnes et villages, ce mur est le plus long du monde.
Les autorités indiennes en justifient l’édification par la protection de l’infiltration de terroristes islamistes agissant dans certaines régions indiennes indépendantistes, l’immigration économique bangladaise et la lutte contre les trafics illégaux de marchandises.

Cette frontière, sévèrement gardées par la Border Security Force indienne et la Border Guard Bangladesh, est également la plus dangereuse puisque, selon les chiffres officiels, une personne a été tuée tous les cinq jours au cours de ces dix dernières années. La BSF est également accusée d’arrestations musclées, d’actes de torture et de viols. La quasi-totalité des victimes sont des Bangladais qui, pour des raisons économiques, familiales, religieuses, sanitaires, environnementales… tentent de traverser la frontière. Comment les blâmer alors que le pays souffre de tous les maux : grande pauvreté, grave surpopulation, fréquentes tensions politiques, catastrophes naturelles récurrentes… Le rêve d’une vie meilleure l’emporte sur le danger encouru. Le mur à franchir devient le symbole de tout ce que les Bangladais veulent fuir.

Gaël Turine

 


THE WALL AND THE FEAR

Whatever term you use for it – walls, barriers, fences – a state constructing a physical separation from a neighbouring country is a demonstration of the failure of diplomacy and conciliation, leaving only radicalisation to prevail. Never, since the Middle Ages, have so many walls, barriers and fences been constructed on the borders between two countries.

These walls stir up underlying tensions, aggravate precarious situations, and accentuate cultural and religious divides between peoples, without resolving the problems that impel people to emigrate.

Since 1993, India has embarked upon the construction of a three thousand two hundred kilometres dividing wall along the entirety of its land border with Bangladesh. Built of bricks in some border towns and of double-height barbed wire fence in the countryside and villages, it is the longest wall in the world.

The Indian authorities justify its construction on the grounds of protection from the infiltration of islamist terrorists operating in certain Indian regions seeking independence, Bangladeshi economic migration and the fight against illegal goods trafficking.

This border, strictly guarded by the Indian Border Security Force (BSF) and the Border Guard Bangladesh (BGB), is also the most dangerous; according to official figures, one person has been killed every five days in the course of the last ten years. The BSF is accused of violent arrests, acts of torture and rape. Virtually all of the victims are Bangladeshis who, for reasons of economics, family, health, environment, etc., are trying to cross the border. Who can blame them, given the country’s troubles: extreme poverty, massive overpopulation, frequent political tensions, recurrent natural disasters, etc… The dream of a better life outweighs the risk. The wall that bars their way becomes the symbol of everything they want to escape.

Gaël Turine