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CAUSES ET CONSÉQUENCES
9 regards sur l'environnement à l'occasion de la COP 21


Nicola Bertasi, Stéphane Bouillet, Viviane Dalles, Nanda Gonzague, Frédérique Jouval, Nicolas Mingasson, Micha Patault, Jules Toulet, Federico Tovoli

Exposition : 02/12/2015 au 30/01/2016
Du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30

Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix, 75004 Paris - Tél. +33 (0)142742636

Changer de voie : une nécessité

L’humanité est à la croisée des chemins. Après avoir maîtrisé le feu, inventé la machine à vapeur, l’automobile, l’ordinateur, l’homme marque de son empreinte les moindres recoins de la planète et même l’atmosphère qui l’entoure. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle de la domination humaine : l’anthropocène. D’abord soumis aux forces de la Terre, l’avenir de notre planète est désormais dépendant de notre activité. Les équilibres naturels sont bouleversés. Les abeilles qui, par leur action pollinisatrice transforment les fleurs en fruits et jouent un rôle clé dans notre alimentation, sont décimées par les pesticides. Une menace pour les récoltes et un coup rude pour les apiculteurs. L’homme joue avec la vie, et c’est la mort qui apparaît. En Inde, les fabricants de pesticides ont vendu des semences de coton génétiquement modifiées aux cultivateurs. On leur avait promis de bons revenus grâce à ces graines qui devaient être résistantes aux attaques d’insectes. Mais ce sont ces animaux qui sont devenus résistants à la substance insecticide contenue dans ces graines et les rendements attendus ne sont pas au rendez-vous. Lourdement endettés, certains agriculteurs en viennent à se suicider. Au Vietnam, c’est un autre pesticide, l’agent orange, utilisé comme défoliant pendant la guerre, qui continue à faire des ravages plus de 30 ans après. Des enfants naissent avec des malformations et les cancers se multiplient.

 

Des pollutions non maîtrisées

L’exploitation du pétrole a permis le développement de nos sociétés, mais s’est aussi accompagnée de nombreux dommages. En Equateur, les forages ont engendré des pollutions qui ont dévasté cette partie de l’Amazonie et causé de nombreuses maladies chez les habitants.  Certes, la découverte de l’or noir a favorisé la multiplication des échanges commerciaux générant un important trafic naval sur les mers du globe, mais seuls quelques-uns profitent de ces richesses et c’est la main d’œuvre bon marché du Bangladesh qui démantèle les bateaux sans aucun équipement de protection.

Malgré leur volonté de s’affranchir des lois de la nature, les humains ne sont pas à l’abri d’événements incontrôlés, comme cette explosion de l’usine de Bhopal qui a causé des milliers de morts et continue à faire de nouvelles victimes plus de 30 ans après. Et plus près de nous, en Europe, de nombreuses personnes vivent à proximité d’usines abritant des produits dangereux capables de faire sauter tout un quartier…

 

Un climat qui se dérègle

Pour nous déplacer, nous chauffer et créer de nouveaux produits, nous avons brûlé des quantités énormes d’énergies fossiles réchauffant l’atmosphère de manière accélérée. Si nous ne faisons rien pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre, la température moyenne de la Terre pourrait s’élever de 4° d’ici 2100. Déjà, la hausse des températures au Pérou bouleverse la vie des agriculteurs. Et si la fonte des glaces en Arctique peut apparaître comme une aubaine pour certains, ouvrant de nouvelles routes maritimes et l’accès au pétrole off-shore, elle signe la fin du mode de vie traditionnel des populations qui vivent près du cercle polaire.

Ce réchauffement des continents et des océans s’accompagnera d’une forte évaporation, perturbant le régime des vents et conduisant à une augmentation des précipitations dans certaines régions. On peut s’attendre à davantage d’événements extrêmes comme la tempête Xynthia qui a touché les côtes de France en 2012 et une élévation du niveau de la mer de l’ordre d’un mètre à la fin du siècle, ce qui pourrait être catastrophique pour certains pays comme le Bangladesh.

 

Prendre un nouveau départ

Face à cela, une seule solution : changer de modèle. Si la transition énergétique apparaît comme nécessaire, elle n’est pas facile à mettre en place. En France, où l’énergie nucléaire représente environ 75 % de la production d’électricité, on n’est pas prêt à abandonner les vieilles centrales pour passer aux énergies renouvelables. Ailleurs, le charbon, le pétrole ou les gaz de schiste sont encore trop bon marché pour que l’on éprouve le besoin d’y renoncer. Nos sociétés ne sont pas encore prêtes à laisser 80 % des réserves de combustibles fossiles dans le sol comme le propose l’appel contre les crimes climatiques lancé par de nombreuses personnalités de la société civile. Mais elles vont tenter de s’accorder sur un objectif de limitation de l’augmentation de température de 2° d’ici la fin du siècle lors de la conférence sur le climat de Paris début décembre. C’est une étape qui doit marquer le début d’un renouveau de l’action contre le changement climatique et l’on aurait tort de ne voir là que l’aboutissement d’un long processus de négociations. Quel que soit le résultat de cette rencontre de 195 pays, il faudra poursuivre les efforts à tous les niveaux. Aux Etats, collectivités locales, entreprises, individus de mettre la main à la pâte.

 

Carine MAYO

présidente de l’association des Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie.

 

 

 

Changing the way: a necessity

Humanity is at a crossroad. After mastering fire, inventing the steam engine, the automobile, the computer, our species left its trace in every corner of the planet and even in the surrounding atmosphere. We have entered a new era, the one of human domination: the Anthropocene.  At first subject to the Earth’s forces, the future of our planet is henceforth dependant on our activity. Natural balances are disrupted. The bees which transform flowers into fruit through their pollination action and play an essential role in our diets, are wiped out by pesticides. This poses a serious threat for the harvests and is a harsh blow for beekeepers. Humans play with life and it is death which appears. In India, the pesticide manufacturers have sold genetically modified seeds of cotton to farmers who were promised favourable income owing to these seeds meant to resist insect attacks. In actual fact, the animals became resistant to the substance contained within the seeds and the expected returns have not been forthcoming. Highly indebted, certain farmers turn to suicide. In Vietnam, it is another pesticide, Agent Orange, used during the war as a defoliant that continues to wreak havoc over thirty years later. Children are born with deformities and cancers are multiplying.

Uncontrolled pollutions

The exploitation of oil has enabled the development of our societies but has also been accompanied by numerous harms. In Ecuador, boreholes have caused pollutions which have devastated this region of the Amazon and caused numerous illnesses among the inhabitants. Of course, the discovery of black gold has fostered trade increase, generating considerable traffic over the seas across the Globe, but only a few benefit from these riches and it is the cheap Bangladeshi labour that dismantles the ships without any safety gear.

Despite their will to free themselves of the laws of nature, humans are not protected from uncontrollable events, such as the Bhopal factory explosion that caused the death of thousands and continues to claim new victims over thirty years after the tragedy. And closer to us, in Europe, many people live near factories housing hazardous products capable of blowing up an entire neighbourhood…

Erratic Climate…

To move around, to warm ourselves and to create new products, we have burned huge quantities of fossil fuels, heating the atmosphere increasingly. If we do nothing to limit our greenhouse gas emissions, the average temperature of the Earth could rise by 4° from now to 2100. Already, the increase of temperatures in Peru upsets the lives of farmers. And if the ice melting in the Arctic may seem like a boon for some, opening new sea routes and access to offshore oil, it is in fact the sign of the end of the traditional way of life for populations living near the Arctic Circle.

The warming of the continents and of the oceans is accompanied by high amounts of evaporation, disturbing the wind patterns and leading to a precipitation increase in certain regions. We can expect more and more extreme events like the Xynthia tempest which affected the French coast in 2012 and an approximate metre rise in sea levels at the end of the century, which could be catastrophic for certain countries like Bangladesh.

Making a new Start

To confront this, there is only one solution: to change models. If the energy transition seems vital, it is not easy to implement. In France, where nuclear energy represents approximately 75 % of electricity production, we would not seem ready to abandon the old nuclear plants to switch to renewable energies. Elsewhere, coal, oil or shale gas is still cheap enough to not give up. Our societies are still not ready to leave 80 % of fossil fuel reserves in the ground as is suggested by the appeal against climate crimes launched by numerous civil society personalities. But they will try to reach an agreement on the objective of limiting global temperature increase to 2°C from now to the end of the century during the Climate Change Conference held in Paris end of December.  It is a step that should mark a new beginning of action against climate change and we would be wrong to see it only as the outcome of a long process of negotiations. Whatever the outcome may be of the meeting of 195 countries, efforts must be pursued at all levels. States, local  authorities, companies, individuals must get to work.

Carine MAYO
president of the association for Journalists-Writers for nature and ecology (JNE)