Lauréat du Prix SOPHOT 2014
Exposition : 03/05/2014 au 19/07/2014
Du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix, 75004 Paris - Tél. +33 (0)142742636
France / Pays-Bas – 2013
Ce travail photographique est un hymne au corps « différent », au corps considéré parfois comme dérangeant. C’est avant tout un hymne aux émotions, aux sentiments, à ces amours souvent insoupçonnées et que l’on voudrait quelquefois interdire.
À chacun le droit de sentir, de s’émouvoir, d’aimer, croit-on. Autant de droits fondamentaux auxquels l’individu n’a pourtant pas forcément accès. Comme si chacun pouvait tout avoir, comme s’il suffisait de vouloir.
Ce travail se veut un hymne au corps que l’on évite ou que l’on cache. Ce corps tordu qui – comme tout autre – exprime sa sensualité, ses émotions, pour une ode à l’amour, réalité partagée par tous, quels que soient son apparence, son héritage, son handicap.
Dans une société où l’omniprésence des codes érotiques est une banalité quotidienne, le diktat de l’image est une constante à laquelle on ne peut échapper. Pourtant, à l’heure où nous sommes submergés d’images sur la sexualité, et que nous-mêmes les véhiculons, le corps de l’autre « différent » contrarie.
Alors que les médias nous vantent sexe et caresses pour le bien-être de chacun… tous se réfèrent aux stéréotypes propres à notre époque et ne s’éloignent guère des standards existants. Il est peu coutumier de s’appesantir sur la différence. Le handicap est fui, occulté, et la sexualité des personnes handicapées taboue.
De par leur condition, mais aussi trop souvent parce que « ceux qui peuvent » – proches, personnel médical, ou même parfaits inconnus – ont choisi de leur imposer des limites, les personnes handicapées n’ont pas forcément accès à la sexualité. C’est ainsi qu’au nom du bien pour tous, de la bienséance, de la morale, la majorité bien-pensante dicte ce qui est convenable et ce qui doit être permis ou non. L’individu se retrouve dès lors dans un cadre de vie préétabli par les « bienveillants » et auquel on voudrait qu’il se conforme. Et le regard porté sur le handicap devient source de discrimination.
Rencontres passagères ou relations durables, ce reportage a été effectué avec le concours de divers couples.
Parmi eux, certains n’ont pas la chance d’avoir trouvé de partenaire, et revendiquent malgré tout le droit à la sexualité. C’est ainsi que les images d’Aminata et Daniel, réalisées au Pays-Bas, apportent un éclairage distinct qui n’exclut en rien tendresse et attention.
Apparue dans les années 1980, l’assistance sexuelle reste un sujet tabou en France où les autorités l’assimilent à la prostitution… notamment parce qu’aucun cadre légal ne lui est accordé. Droit à la sexualité pour les uns, marchandisation des rapports sexuels pour les autres, le sujet fait débat et divise tandis que des formations très encadrées sont dispensées dans plusieurs pays d’Europe.
La situation des personnes handicapées n’est-elle que le reflet de la perception qu’un peuple a de ses semblables « différents »?
Sous prétexte de corps « abîmés », les personnes handicapées auraient-elles moins de droits que les autres ? Leur accès à la sexualité serait-il secondaire ? Aurions-nous tendance à oublier qu’il y a une personne derrière un handicap ?
La véritable barrière entre personnes valides et handicapées est la plupart du temps dressée par les valides. Elle n’est en général justifiée que par des préjugés. Et lorsqu’ils s’effondrent, il ne reste que deux êtres face à face qui se découvrent… si semblables.
Dans ce reportage, il s’agit de poser un regard différent sur autrui. Ici les handicaps se dévoilent, là ils se font plus discrets… et les images se font moins gênantes. Preuve en est que tout est question d’appréciation.
Pourquoi, au fond, suis-je troublé par cette différence ? N’est-ce pas à moi de m’adapter ?
Faire le premier pas, passer outre les modèles établis et les préceptes « vertueux », c’est le chemin que n’ont pas hésité à parcourir les personnes photographiées. Elles osent s’afficher pour défendre une cause qui paraît être la leur, alors qu’elle est celle de tous : l’amour n’est-il pas universel ?
Jérôme Deya