Lauréat du Prix SOPHOT 2019
Vernissage mardi 14 mai 2019 de 18h à 21h
Exposition : 15/05/2019 au 13/07/2019
Du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix, 75004 Paris - Tél. +33 (0)142742636
La Côte Swahilie, 2017
Six degrés sud, c’est la latitude de l’archipel de Zanzibar et le centre géographique exact de la Côte Swahilie. Née au Xème siècle des échanges commerciaux avec les mondes arabe et persan, l’Inde, et la Chine, la Côte Swahilie définit autant une réalité linguistique et culturelle que physique. Les traditions de marine anciennes de cette région, ainsi que les liens très forts qui unissent ses habitants à la mer, sont donc inséparables de ses traditions culturelles et religieuses, et de l’Islam en particulier.
Le travail présenté ici s’intéresse au devenir de ces communautés côtières d’Afrique de l’Est, dont l’avenir semble aujourd’hui compromis. En effet, on constate partout dans cette région un effondrement dramatique des stocks de poissons, ainsi que des modifications du milieu dues au changement climatique. De méthodes de pêche traditionnelles qui avaient un impact limité sur l’environnement, on est passé en moins de vingt ans à une pêche industrielle pratiquée par des flottilles de navires usines étrangers. La pêche à la dynamite fait également des ravages, détruisant sans discrimination poissons et récifs coralliens. De grands projets énergétiques ou industriels, tels la construction d’un barrage hydroélectrique en amont du détroit de la Rufiji ou la construction de gigantesques terminaux portuaires au Kenya et en Tanzanie, menacent cette côte autrefois si riche.
Il est donc fort probable que dans les prochaines décennies les populations côtières les plus démunies seront contraintes de quitter ces rivages pour aller grossir les bidonvilles des grandes cités, avec comme corollaire la disparition des traditions millénaires qu’ils sont les seuls à encore maîtriser.
Les menaces qui pèsent sur ces populations et sur leur savoir-faire me font donc envisager ce travail photographique comme un véritable travail de mémoire. En parcourant pendant deux ans la région pour ce projet, c’est d’une culture charnière bien définie mais sur le point de disparaître dont j’ai voulu rendre compte.
Gilles Nicolet a passé les 35 dernières années, en Afrique parcourant le continent de long en large, de la Somalie au Sénégal et de l’Afrique du Sud à l’Algérie.
Agronome de formation, il a exercé en Somalie et en Afrique de l’Ouest avant de s’engager dans sa double passion des voyages et de la photographie. Très vite reconnu, il réalise de nombreux reportages pour des magazines de renom tels que Géo, le Sunday Times, Paris-Match ou le National Geographic.
Il y a dix ans, suite à un incident professionnel, il arrête complètement la photographie pour s’établir dans certaines des plus grandes réserves animalières de Tanzanie.
Ce projet sur la Côte Swahilie signe son retour à la photographie.
Un livre
Swahili
Préface de Mathias Énard, Prix Goncourt 2015
Texte de Philippe Roisse, spécialiste du monde arabe
Photographies de Gilles Nicolet
Bilingue français-anglais
Éditions Contrejour
Parution mai 2019
35€
La côte du songe de Mélinde à Zanzibar
Du Cap de Ras Kamboni au sud de la Somalie jusqu’au Mozambique en longeant le Kenya et la Tanzanie s’étirent, en un léger golfe saupoudré d’îles au sud par les Comores et refermé par la paume ouverte de Madagascar, les côtes swahilies… On y commerce depuis la nuit des temps, avec l’Inde, la Péninsule arabique ou Madagascar. Toutes sortes de marchandises, de la canne à sucre, du mil, du clou de girofle, de l’ivoire. Des cornes de rhinocéros. De l’indigo. Des carapaces de tortues. Des esclaves païens, capturés loin à l’intérieur des terres et que les musulmans de la côte méprisent. Les images de Gilles Nicolet suivent au plus près, pas après pas, la forme de la côte. On y croise, pêle-mêle, des hommes, des femmes, des enfants, des bateaux, des poissons, des araignées. On a l’impression que le photographe n’a qu’à regarder autour de lui pour que l’objectif capture un moment de beauté. Les photographies fouillent le temps, et le spectateur ne peut s’empêcher de se demander s’il est face à des souvenirs lointains ou à des clichés d’aujourd’hui tant la beauté de ces scènes et de ces personnages est au-delà du présent. Extrait de la préface de Mathias Enard, prix Goncourt 2015