Exposition : 10/11/2014 au 27/12/2014
Du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix, 75004 Paris - Tél. +33 (0)142742636
Livre / catalogue
… Le plus troublant de tout est de deviner derrière ces masques, ces oripeaux, ces panneaux peints, les tranchées, la boue, les rats, les tirs, les explosions, l’horreur de la riflette avec ses soufflets à punaises et ses machines à secouer le paletot. Une boucherie que les mots griffonnés au dos de ces cartes postales n’évoquent jamais. C’est toujours « je vais bien », « ne t’inquiète pas », « ici, tout baigne » et parfois seulement « on s’emmerde ». Gérard MordillatLa Première Guerre mondiale a mobilisé en France plus de 8 millions de combattants (20 % de la population), fait 1,4 millions de morts (1000 par jour), 3 millions de blessés (2000 par jour)…
Pendant ces 51 mois de combats, de séparation et d’angoisse les courriers ont eu un rôle essentiel entre les soldats et leurs proches. Il s’agissait pour eux de montrer – au jour le jour – qu’ils pensaient les uns aux autres. Et, pour les combattants, de témoigner tout simplement qu’ils étaient vivants !
Les deux conditions de cette correspondance massive ont été l’alphabétisation et l’existence d’un service postal public. Pour la première fois dans l’histoire militaire, la majorité des soldats et des civils de leur âge savaient lire et écrire : ils avaient en effet bénéficié de l’enseignement primaire rendu gratuit et obligatoire quelques trente ans plus tôt par les lois de Jules Ferry. Leurs connaissances souvent élémentaires étaient suffisantes pour entretenir une correspondance basique.
Quant au service public de la Poste, il était en 1914 tel qu’il a été créé au cours du XIXème siècle avec ses principaux moyens fonctionnels et humains (mandat, lettre recommandée, carte postale, timbre, train postal, bureaux de poste et métiers de guichetier et de facteur…).
Les cartes postales ont constitué une part importante de ces courriers parce qu’elles permettaient des échanges courts et rapides, mieux adaptés que les lettres à la situation des combattants et des civils.
Entre 1914 et 1918, ce sont plusieurs milliards de cartes qui ont été éditées. On peut les classer en deux catégories :
– des cartes documentaires dont les images sont des photos représentant les effets de la guerre (champs de bataille dévastés, ruines civiles, cimetières militaires…), auxquelles il faut ajouter quantité de portraits de généraux et de photos de groupes de soldats blessés sur les lieux de leur hospitalisation précaires,
– des cartes fantaisies – qui sont des photomontages colorisés – parmi lesquelles les baisers constituent seulement une sous-catégorie jusqu’ici négligée, alors qu’elles constituent un segment original de la cartophilie et une représentation du baiser sans équivalent dans l’histoire de l’image.
La célébration du centenaire de la Grande Guerre est l’occasion de faire connaître ces cartes postales de baisers écrites à la va-vite, par des hommes et par des femmes ne maîtrisant souvent qu’à peine l’orthographe, remplies de banalités pour rassurer leurs correspondants. Ce sont des reliques d’amours.
Michel Christolhomme
www.baisers-de-guerre.wix.com/baisersdeguerre