Lauréat du Prix SOPHOT 2013
Exposition : 26/09/2013 au 26/10/2013
Du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix, 75004 Paris - Tél. +33 (0)142742636
La « ceinture de cuivre » katangaise, à l’extrême sud-est de la République démocratique du Congo, recèle 10 % des réserves mondiales de cuivre et 34 % de celles de cobalt. Début 2011, le cours du cuivre a atteint son record historique : 10 000 dollars la tonne sur le London Metal Exchange. Depuis, la tendance s’est confirmée, maintenant le cours est à plus de 8 000 dollars la tonne. Profitant de ce boom sans précédent et d’une libéralisation organisée par la Banque Mondiale au début des années 2000, d’immenses fortunes se bâtissent à la faveur d’une gestion particulièrement opaque des revenus du secteur minier. Jusqu’à présent, seules quelques multinationales et une poignée d’individus proches du pouvoir ont les moyens d’en profiter. Paradoxalement, la situation des quelques 200 000 « creuseurs » katangais qui survivent grâce à cette activité et constituent encore la majorité de la main d’œuvre, s’est aggravée. Les investissements des multinationales occidentales, indiennes ou chinoises les ont chassés des sites les plus riches. Forcés à revendre leur production à bas prix aux partenaires gouvernementaux ou contraints de se rabattre sur l’exploitation des rejets industriels, ils amoindrissent encore leur espérance de vie comme leurs revenus.Des années de travail sur le sujet et de nombreux voyages dans la province m’ont familiarisé avec les personnes impliquées dans les activités minières au Katanga. Petit à petit, j’ai réussi à obtenir l’accès aux sites d’extraction des multinationales, à leurs entrepôts et à leurs usines. J’ai pu être accepté dans la communauté des nouveaux entrepreneurs, ce qui m’a permis de documenter leurs vies privées (fêtes, week-ends…). Le but de ce projet est d’apporter une meilleure compréhension du monde des affaires et de l’extraction minière au Katanga, où les besoins locaux semblent ignorés. C’est aussi une illustration de l’effet tant de la libéralisation récente de l’économie mondiale que de la ruée pour les matières premières en Afrique et une dénonciation du refus des sociétés internationales à partager leurs profits. Ceci n’est pas l’histoire des minerais de sang, issus de conflits, avec des images de rebelles et de kalachnikovs, sur lesquelles les campagnes de plaidoyer internationales se concentrent généralement. C’est plutôt l’histoire, plus difficile à illustrer, de l’énorme écart entre une population locale cherchant des matières premières pour le compte d’industries étrangères et de traders installés à Londres ou New York, pariant sur un bénéfice rendu possible grâce à une main d’œuvre exploitée et sous-payée.