Exposition : 28/07/2011 au 06/09/2011
Du mercredi au samedi de 13h30 à 18h30
Galerie FAIT & CAUSE
58 rue Quincampoix, 75004 Paris - Tél. +33 (0)142742636
La fanfare de Stolac fait de la musique pour une communauté qui n’existe pratiquement plus.
La ville – une des plus anciennes de Bosnie-Herzégovine – détruite pendant la guerre, a été peu reconstruite depuis. Ses habitants d’avant-guerre ont disparu : expulsés ou tués.
Le pouvoir municipal – partagé entre les nationalistes bosniaques et croates – semble tenir à ce que la division ethnique persiste afin de rendre une vie commune impossible : les enfants bosniaques et croates ont des cours séparés, les uns le matin, les autres l’après-midi ; et se rendent à l’école en empruntant des portes différentes ! Les dirigeants s’efforcent de faire perdurer la crise, entravant les tentatives de renouveau économique.
La fanfare de Stolac a, par miracle, réussi à renouer, dans cette ville ravagée et divisée, avec la tradition du « faire de la musique » pour la communauté. Ainsi est-elle constituée de survivants, membres de l’orchestre d’avant-guerre, et de très jeunes gens qui ne gardent probablement aucun souvenir des années de vie commune et de gloire de la fanfare d’antan.
Alors que la notion de communauté dans cette zone s’applique essentiellement à une entité ethniquement homogène, la fanfare de Stolac est, selon le philosophe Muhamed Dzelilovic, une tentative de création d’une communauté spirituellement pure, ethniquement inclusive, des communautés basées sur le rejet de l’Autre et de sa différence ethnique et religieuse.Cette fanfare est pourtant un orchestre comme tous les autres, un ensemble qui, pour pouvoir jouer une belle musique, doit être composé d’individus qui travaillent avec acharnement et passion leur instrument et sont à même de jouer seuls. C’est ce que veulent montrer ces photographies. La fanfare n’est pas présentée par des images de groupe, mais par une série de portraits individuels des membres de l’orchestre. Ils partagent la même position debout, le même uniforme et chacun a son instrument entre les mains.
Mais la valeur unique de ces photos ressort du rapport que chacun entretient avec son instrument. L’instrument, on le tient dans ses bras, il est une troisième main, on l’étreint comme si dans l’instant on allait le porter aux lèvres pour y poser un baiser ou en tirer des sons. Les regards et les corps ont l’air de dire : « Prends-la, cette photo, puisque tu y tiens, mais sache que ce n’est pas pour ça que je suis ici, laisse-moi te montrer ce que je sais faire… ». On y lit la fierté, l’obstination, le bonheur de pouvoir là, maintenant, montrer de quoi on est capable de faire. Avec les autres et tout seul, envers et contre tout.Cet orchestre de cuivres va fêter son 80e anniversaire en entonnant l’Ode à la Joie de Beethoven, une des plus émouvantes musiques jamais écrites. Mais au-delà, c’est une musique qui transcende cette communauté que ses dirigeants s’évertuent à rabaisser en creusant et maintenant des divisions qui n’ont pas lieu d’exister.
Jouer l’Ode à la Joie est un message que ceux qui ont détruit Stolac et qui la maintiennent dans cet état de profonde désolation seraient incapables de comprendre : « Nous sommes là, ensemble, dans cette ville qui reste, contre vents et marées, magnifique… Et maintenant, laissez-nous vous montrer ce que l’on sait faire… ». Andrea Lešic
La ville – une des plus anciennes de Bosnie-Herzégovine – détruite pendant la guerre, a été peu reconstruite depuis. Ses habitants d’avant-guerre ont disparu : expulsés ou tués.
Le pouvoir municipal – partagé entre les nationalistes bosniaques et croates – semble tenir à ce que la division ethnique persiste afin de rendre une vie commune impossible : les enfants bosniaques et croates ont des cours séparés, les uns le matin, les autres l’après-midi ; et se rendent à l’école en empruntant des portes différentes ! Les dirigeants s’efforcent de faire perdurer la crise, entravant les tentatives de renouveau économique.
La fanfare de Stolac a, par miracle, réussi à renouer, dans cette ville ravagée et divisée, avec la tradition du « faire de la musique » pour la communauté. Ainsi est-elle constituée de survivants, membres de l’orchestre d’avant-guerre, et de très jeunes gens qui ne gardent probablement aucun souvenir des années de vie commune et de gloire de la fanfare d’antan.
Alors que la notion de communauté dans cette zone s’applique essentiellement à une entité ethniquement homogène, la fanfare de Stolac est, selon le philosophe Muhamed Dzelilovic, une tentative de création d’une communauté spirituellement pure, ethniquement inclusive, des communautés basées sur le rejet de l’Autre et de sa différence ethnique et religieuse.Cette fanfare est pourtant un orchestre comme tous les autres, un ensemble qui, pour pouvoir jouer une belle musique, doit être composé d’individus qui travaillent avec acharnement et passion leur instrument et sont à même de jouer seuls. C’est ce que veulent montrer ces photographies. La fanfare n’est pas présentée par des images de groupe, mais par une série de portraits individuels des membres de l’orchestre. Ils partagent la même position debout, le même uniforme et chacun a son instrument entre les mains.
Mais la valeur unique de ces photos ressort du rapport que chacun entretient avec son instrument. L’instrument, on le tient dans ses bras, il est une troisième main, on l’étreint comme si dans l’instant on allait le porter aux lèvres pour y poser un baiser ou en tirer des sons. Les regards et les corps ont l’air de dire : « Prends-la, cette photo, puisque tu y tiens, mais sache que ce n’est pas pour ça que je suis ici, laisse-moi te montrer ce que je sais faire… ». On y lit la fierté, l’obstination, le bonheur de pouvoir là, maintenant, montrer de quoi on est capable de faire. Avec les autres et tout seul, envers et contre tout.Cet orchestre de cuivres va fêter son 80e anniversaire en entonnant l’Ode à la Joie de Beethoven, une des plus émouvantes musiques jamais écrites. Mais au-delà, c’est une musique qui transcende cette communauté que ses dirigeants s’évertuent à rabaisser en creusant et maintenant des divisions qui n’ont pas lieu d’exister.
Jouer l’Ode à la Joie est un message que ceux qui ont détruit Stolac et qui la maintiennent dans cet état de profonde désolation seraient incapables de comprendre : « Nous sommes là, ensemble, dans cette ville qui reste, contre vents et marées, magnifique… Et maintenant, laissez-nous vous montrer ce que l’on sait faire… ». Andrea Lešic