BLU

Cuny JANSSEN


Editeur : SNOECK VERLAGSGESELLSCHAFT
Année de parution : 2015


Quand nous pensons à Naples, il nous vient des associations immédiates, des préjugés positifs ou négatifs nourris par les médias. Naples est, au moins depuis le Moyen-âge, un des grands centres urbains européens. Dans certains quartiers, la situation sociale, très dégradée, est marquée par le chômage et la pauvreté, alors que dans d’autres s’étalent richesse et opulence. Les enfants sont très nombreux à Naples qui a le plus haut taux de natalité d’Italie.
C’est la curatrice néerlandaise, vivant à Naples, Patricia Pulles qui a invité une compatriote qu’elle connaissait depuis quinze ans, la photographe Cuny Janssen. Cette dernière est connue pour ses portraits d’enfants en relation avec leur environnement urbain ou rural. Elle aborde ce sujet en cherchant un certain état d’esprit psychologique.
Dans BLU, Cuny Janssen traite naturellement la lumière, les différentes nuances de bleu indissociables de la perception sensuelle de cette ville. Le bleu de son ciel, azur, turquoise, outremer, cobalt ou indigo, avait déjà séduit Goethe en 1787 et lui avait fait dire que Naples « était la partie la plus agréable de son voyage ». Cuny Janssen, qui a fait plusieurs voyages à Naples entre avril 2012 et octobre 2013, nous y emmène avec ses tableaux, qui parlent bien sûr de la beauté de l’endroit, mais aussi des enfants. En mettant côte à côte des photos d’enfants et de jeunes des classes moyennes italiennes et des photos d’enfants roms, le livre nous implique inopinément.
La ville est belle à couper le souffle mais elle abrite aussi une misère humaine difficilement imaginable comme l’existence de ces enfants roms enfermés dans une pauvreté et une saleté visibles. Cuny Janssen en a fait l’expérience pendant sa deuxième séance de photos avec ces enfants. Ils l’avaient prise pour une assistance sociale venue les photographier pour l’école et ils lui ont demandé, à la fin de la séance, quand l’école allait enfin commencer pour eux aussi ? Le dilemme de toute photographie documentaire, et de tout voyage, est mis en évidence et l’empathie s’empare du lecteur, c’est le cœur de BLU.