JEAN-LOUIS COURTINAT

JEAN-LOUIS COURTINAT


Editeur : ACTES SUD - PHOTO POCHE
Année de parution : 2013


Précédé d’un entretien entre Jean-Louis Courtinat et Michel Christolhomme

Jean-Louis Courtinat, né en 1954 à Verdun, développe depuis plus de trente ans une oeuvre unique et exemplaire, exclusivement et délibérément dévolue à la seule photographie sociale. Ce choix, sans cesse maintenu depuis ses débuts en photographie, relève d’une détermination sans faille qui le pousse à une confrontation permanente avec les réalités sociales les plus âpres. Dresser la liste des faits et des causes qui motivent l’engagement et la constante mobilisation de Jean-Louis Courtinat auprès des êtres les plus humbles, les plus fragiles ou les plus délaissés de notre société semble presque illusoire…
Exclu(e)s de toutes sortes, adolescents en grande difficulté, personnes sans abri, enfants malades ou abandonnés, pensionnaires de maisons de retraite et d’unités de soins en proie à l’isolement et aux maladies du grand âge, détenus de longue peine, l’humanité dont témoigne Jean-Louis Courtinat souffre au premier chef de notre indifférence. À l’instar d’un W. Eugene Smith, dont il découvre, subjugué, l’oeuvre à vingt-deux ans, Jean-Louis Courtinat conçoit la photographie comme un outil, un engagement et un langage à même de lutter efficacement contre une forme généralisée d’indifférence à autrui.
Dès 1980, il reçoit le Prix des jeunes photographes décerné par les Rencontres d’Arles. L’année suivante, il intègre l’agence Viva et entame ses premiers reportages sociaux. À partir de 1986, il rejoint l’agence Rapho et devient l’assistant de Robert Doisneau avec lequel il entretiendra une longue amitié. Il est au contact constant des associations humanitaires ou caritatives avec lesquelles il tisse des liens de grande proximité et dont il documente les missions quotidiennes en parvenant à se “fondre” dans des univers ou des environnements marqués par la souffrance et la précarité. Lauréat du prix Niépce (1991), il débute une étroite et durable collaboration avec l’association Les Petits Frères des pauvres. En 1995, il publie dans la collection Photo Notes (CNP/ Actes Sud) Les Damnés de Nanterre, enquête approfondie sur un centre d’hébergement d’urgence de la banlieue parisienne, où il s’installe pendant deux ans.
À l’aube des années 2000, il se consacre à une longue série de reportages sur l’institutionnalisation de l’abandon des enfants en Roumanie (Les Enfants du diable, collection Photo Poche Société, 2001).

Photographe militant, Jean-Louis Courtinat semble fonder sa vie et son travail sur une exigence indéfectible de haute solidarité. Jamais pessimiste, sa vision du monde fait une large place aux acteurs anonymes (bénévoles, soignants, accompagnateurs) dont le dévouement et l’abnégation forcent l’admiration et maintiennent vivante l’hypothèse d’une condition humaine plus bienveillante à tous et à chacun.

“C’est un affectif qui a de l’empathie pour les gens qu’il photographie. Il trouve toujours la bonne distance. Aucun pathos dans ses images, pas de complaisance ni de voyeurisme mais une solidarité et une délicatesse profondes”, écrivait Robert Doisneau à propos de Jean-Louis Courtinat.
JEAN-LOUIS COURTINAT
PHOTO POCHE – ACTES SUD With as a preface, a discussion between Jean-Louis Courtinat and Michel Christolhomme.Jean-Louis Courtinat, born in Verdun in 1954, has developed over the past thirty years a unique and exemplary body of work, exclusively and deliberately dedicated to social photography. This choice, from which he has not wavered since his beginnings as a photographer, demonstrates an unfailing determination which pushes him to confront the grittiest of social realities.   It seems almost impossible to try to list all the causes which have inspired Jean-Louis Courtinat in his constant quest to defend the most humble, fragile or neglected people in our society today. 
All sorts of people excluded from society for one reason or another, adolescents in difficulty, the homeless, ill or abandoned children, residents of old people’s homes and of care units suffering from the loneliness of old age or its associated afflictions, long-term prisoners, Jean-Louis Courtinat’s humanitarian feelings are hurt when he sees society’s indifference to them. Like W. Eugene Smith, whose works made a big impression on him when he discovered them at 22, Jean-Louis Courtinat sees photography as a tool, a commitment and a language to be used in the fight against our generalised indifference with regard to our fellow man. 
As early as 1980, he won the Young Photographer’s Prize at the Rencontres d’Arles.  The following year he joined the Viva agency and worked on his first socially-themed photo-journalistic reports.  In 1986 he moved to the Rapho agency and became assistant to Robert Doisneau with whom he forged a long friendship. He is in constant contact with humanitarian and aid agencies with whom he develops close ties.  He manages to literally melt into the environment of suffering and precariousness in which such agencies operate.  Nominated for the Niépce Prize in 1991, he then began a close and long-lasting relationship with the association Les Petits Frères des pauvres.  He published Les Damnés de Nanterre (The Damned of Nanterre) in the collection Photo Notes (CNP/Actes Sud) in 1995, an in-depth look at life in an emergency shelter for the homeless in the suburbs of Paris, in which he lived for two years. 
At the beginning of the 21st century, he committed himself to a long series of articles on the organised abandon of children in Romania (Les Enfants du Diable / The Devil’s Children, Photo Poche Société collection, 2001).
  
Jean-Louis Courtinat, a photographic militant, seems to base his life and his work on an uncompromising search for the highest level of solidarity.  Never a pessimist, his vision of the world gives ample exposure to the anonymous volunteers, aid workers, and helpers whose dedication commands the utmost respect, and whose actions keep alive some hope of a better human condition for all.
 
“He’s a naturally affectionate person who has a great deal of feeling for the people he photographs.  He is always able to find the right distance from which to shoot.  No contrived sadness in his images, nothing artificial and no voyeurism, but a deep notion of solidarity and delicate touch”, was how Robert Doisneau described Jean-Louis Courtinat.