MARIELLA FURRER
Editeur : à compte d'auteur / a cuenta del autor
Année de parution : 2013
MON MORCEAUX DE CIEL
Histoires d’abus sexuels sur les enfants Le livre s’ouvre sur une page d’avertissement d’un rouge sanglant, inévitable.
Il est recommandé aux personnes ayant été victimes d’agression sexuelle de ne pas consulter l’ouvrage sans soutien psychologique. Rouge, comme le carnet de Dylan, la première victime qui raconte avec une froideur dérangeante et des mots crus comment sa vie s’est définie autour du sexe, subi ou consentant, depuis qu’il a été abusé à l’âge de 8 ans par un prêtre – celui-la même dont il garde et met consciencieusement à jour les coordonnées dans un petit carnet rouge. Ce qui advient ensuite est une horrible spirale, ou un professeur d’école et la mère d’une amie deviennent les amants réguliers d’un enfant d’à peine dix ans dont l’amour est intrinsèquement lié à la haine dans cette débauche d’immoralité. D’autorité en autorité, de prostitution infantile à portée de main dans tous les trains à la prostitution exclusive, ça n’arrête jamais. Les sentiments reviennent en boucle, la normalité est chamboulée. L’enfant abusé est devenu prostitué, drogué, bourreau et finalement meurtrier. Il inspire son titre à l’insupportable étude de Mariella Furrer, lui qui écrit : « Je voudrais écrire un livre. Je l’intitulerais My Piece of Sky (Mon morceau de ciel) parce que quand j’étais en prison j’ai passé 365 jours en cellule d’isolement parce que j’étais méchant et assez radical. J’étais allongé en prison et tout ce que j’avais dans ma cellule était la fenêtre, et j’avais mon morceau de ciel, vous voyez ? Et ça, mon morceau de ciel, c’était ce à quoi je pensais, ce sur quoi je revenais, revivant les événements passés. J’avais tout ce temps pour moi, une année entière, 365 jours, et c’était mon morceau de ciel. »Notre vision manichéenne s’essouffle, quand, à la structure classique d’un ouvrage avec un début, une apogée et une retombée, Mariella Furrer lui préfère un contenu qui n’atteint jamais le sommet de l’intolérable, ou plutôt l’atteint dès les premiers mots – la mort d’une enfant de 6 ans droguée pour tourner un film porno – et les premières images – la photographie d’une culotte intégralement souillée de sang et légendée « Sous-vêtements ensanglanté d’une victime de viol âgée de 3 ans ». Chaque page semble ensuite en repousser les limites. Mariella Furrer l’admet en introduction, elle a souvent espéré pouvoir abandonner, échapper à ces histoires intolérables, et on est également tenté de refermer cet énorme pavé de presque 700 pages, quasiment aussi épais que large, qui assomme par sa fureur. On poursuit, pourtant, la gorge serrée, pour comprendre la complexité d’un sujet que la photographe a exploré dans sa plus sombre profondeur. Le professeur Bruce D. Perry qualifie cette enquête de 10 ans « d’incroyable accumulation de preuves qui transforment ». Transformé, c’est le moins que l’on puisse dire pour décrire l’état dans lequel on ressort de l’éreintant parcours des témoignages d’agressés, d’agresseurs, des deux parfois, de la famille, des médecins, des transcriptions d’interrogatoires et des dessins d’enfants dont les bouches étirées et hachurées de noir semblent pousser un cri dans le néant du monde. De ce morceau de ciel, l’amour comme les oiseaux ont migré pour un environnement moins violent. En toile de fond se dessine une société ou toute protestation ou moyen de l’enrayer semble dérisoire – combien impuissantes ces mères criant en lettres capitales « Arrêtez de violer et tuer nos enfants », combien inutiles les dix condamnations à mort, quand on ne peut ressusciter ? Avec une pensée très articulée et rejetant les dichotomies, Mariella Furrer dénonce l’abus sexuel des enfants, elle révèle la perversité de ses conséquences en fondant l’horreur dans la normalité, et la normalité dans l’horreur. Une complexité que les seules photographies ne pouvaient traduire.mariella.furrer@gmail.com
MY PIECE OF SKY
Stories of child sexual abuseThe books opens with a blood-red warning to readers. Victims of sexual assault are asked not to read further without counseling. The page is red, like the notebook belonging to Dylan, the first victim we meet, who speaks with a disturbing coldness and explains in raw words how his life has been defined by sex, forced and consensual, since he was abused at age eight by a priest, whose contact information Dylan keeps carefully up to date in his little red notebook. From there it’s a horrific downward spiral, with a schoolteacher and the mother of a friend becoming the regular lovers of a 10-year old child, whose love is inextricably linked with hate in this immoral orgy. From one authority to another, from child prostitution in trains to servicing an exclusive clientele, it never stops. All sense of normalcy is turned upside down. The abused child becomes a prostitute, a drug addict and, finally, a killer. His story inspires this unbearable study by Mariella Furrer, to whom he wrote: “I would love to write a book. I would call it My Piece of Sky because when I was in prison I spent three-hundred-and-sixty-five days in isolation at one stage because I was quite a radical, naughty boy. I was lying in prison and all I had in my single cell was the window and I had my piece of sky, you see? And that, my piece of sky, was what I was thinking of, what I was going back to, reliving past events. I had all this time to myself, a whole year, three-hundred-and-sixty-five days without contact, and that was my piece of sky.”Furrer replaces the conventional structure of a book— beginning, climax, conclusion—by starting out from the unbearable depths in the book’s first words and images: the death of a 6-year old child, drugged to shoot child pornography, and a photograph of blood-soaked panties with the caption, “Bloody underwear of a rape victim, age 3.” Each page from there pushes the boundaries.Furrer admits in the introduction that she often wished to abandon the project, to escape its intolerable stories. The reader is also tempted to close this nearly 700-page tome, almost as thick as it is wide, bludgeoned by its violence. We forge on, however, with clenched throats, to understand the complex subject Furrer has explored to its darkest depths. Professor Bruce D. Perry called this ten-year study, “an astounding work of transforming evidence.”Transforming—it’s the least we can say to describe the exhausted state in which the books leaves us, after reading the accounts of victims, rapists, families, doctors, transcripts from interrogations and children’s drawings whose distorted black-hatched mouths seems to cry out into the void. From this piece of sky, love has fled like birds in search of calm. In the background looms a society where any attempt to protest or curb the violence seems pathetic. How powerless the mothers look crying out in capital letters, “STOP RAPING AND KILLING OUR CHILDREN.” How useless the ten death sentences seem when their victims cannot be brought back to life. Mariella Furrer does not condemn the sexual abuse of children, but instead reveals the perversity of the consequences by juxtaposing normal life alongside the horrors, something that photography alone can convey.mariella.furrer@gmail.com
Histoires d’abus sexuels sur les enfants Le livre s’ouvre sur une page d’avertissement d’un rouge sanglant, inévitable.
Il est recommandé aux personnes ayant été victimes d’agression sexuelle de ne pas consulter l’ouvrage sans soutien psychologique. Rouge, comme le carnet de Dylan, la première victime qui raconte avec une froideur dérangeante et des mots crus comment sa vie s’est définie autour du sexe, subi ou consentant, depuis qu’il a été abusé à l’âge de 8 ans par un prêtre – celui-la même dont il garde et met consciencieusement à jour les coordonnées dans un petit carnet rouge. Ce qui advient ensuite est une horrible spirale, ou un professeur d’école et la mère d’une amie deviennent les amants réguliers d’un enfant d’à peine dix ans dont l’amour est intrinsèquement lié à la haine dans cette débauche d’immoralité. D’autorité en autorité, de prostitution infantile à portée de main dans tous les trains à la prostitution exclusive, ça n’arrête jamais. Les sentiments reviennent en boucle, la normalité est chamboulée. L’enfant abusé est devenu prostitué, drogué, bourreau et finalement meurtrier. Il inspire son titre à l’insupportable étude de Mariella Furrer, lui qui écrit : « Je voudrais écrire un livre. Je l’intitulerais My Piece of Sky (Mon morceau de ciel) parce que quand j’étais en prison j’ai passé 365 jours en cellule d’isolement parce que j’étais méchant et assez radical. J’étais allongé en prison et tout ce que j’avais dans ma cellule était la fenêtre, et j’avais mon morceau de ciel, vous voyez ? Et ça, mon morceau de ciel, c’était ce à quoi je pensais, ce sur quoi je revenais, revivant les événements passés. J’avais tout ce temps pour moi, une année entière, 365 jours, et c’était mon morceau de ciel. »Notre vision manichéenne s’essouffle, quand, à la structure classique d’un ouvrage avec un début, une apogée et une retombée, Mariella Furrer lui préfère un contenu qui n’atteint jamais le sommet de l’intolérable, ou plutôt l’atteint dès les premiers mots – la mort d’une enfant de 6 ans droguée pour tourner un film porno – et les premières images – la photographie d’une culotte intégralement souillée de sang et légendée « Sous-vêtements ensanglanté d’une victime de viol âgée de 3 ans ». Chaque page semble ensuite en repousser les limites. Mariella Furrer l’admet en introduction, elle a souvent espéré pouvoir abandonner, échapper à ces histoires intolérables, et on est également tenté de refermer cet énorme pavé de presque 700 pages, quasiment aussi épais que large, qui assomme par sa fureur. On poursuit, pourtant, la gorge serrée, pour comprendre la complexité d’un sujet que la photographe a exploré dans sa plus sombre profondeur. Le professeur Bruce D. Perry qualifie cette enquête de 10 ans « d’incroyable accumulation de preuves qui transforment ». Transformé, c’est le moins que l’on puisse dire pour décrire l’état dans lequel on ressort de l’éreintant parcours des témoignages d’agressés, d’agresseurs, des deux parfois, de la famille, des médecins, des transcriptions d’interrogatoires et des dessins d’enfants dont les bouches étirées et hachurées de noir semblent pousser un cri dans le néant du monde. De ce morceau de ciel, l’amour comme les oiseaux ont migré pour un environnement moins violent. En toile de fond se dessine une société ou toute protestation ou moyen de l’enrayer semble dérisoire – combien impuissantes ces mères criant en lettres capitales « Arrêtez de violer et tuer nos enfants », combien inutiles les dix condamnations à mort, quand on ne peut ressusciter ? Avec une pensée très articulée et rejetant les dichotomies, Mariella Furrer dénonce l’abus sexuel des enfants, elle révèle la perversité de ses conséquences en fondant l’horreur dans la normalité, et la normalité dans l’horreur. Une complexité que les seules photographies ne pouvaient traduire.mariella.furrer@gmail.com
MY PIECE OF SKY
Stories of child sexual abuseThe books opens with a blood-red warning to readers. Victims of sexual assault are asked not to read further without counseling. The page is red, like the notebook belonging to Dylan, the first victim we meet, who speaks with a disturbing coldness and explains in raw words how his life has been defined by sex, forced and consensual, since he was abused at age eight by a priest, whose contact information Dylan keeps carefully up to date in his little red notebook. From there it’s a horrific downward spiral, with a schoolteacher and the mother of a friend becoming the regular lovers of a 10-year old child, whose love is inextricably linked with hate in this immoral orgy. From one authority to another, from child prostitution in trains to servicing an exclusive clientele, it never stops. All sense of normalcy is turned upside down. The abused child becomes a prostitute, a drug addict and, finally, a killer. His story inspires this unbearable study by Mariella Furrer, to whom he wrote: “I would love to write a book. I would call it My Piece of Sky because when I was in prison I spent three-hundred-and-sixty-five days in isolation at one stage because I was quite a radical, naughty boy. I was lying in prison and all I had in my single cell was the window and I had my piece of sky, you see? And that, my piece of sky, was what I was thinking of, what I was going back to, reliving past events. I had all this time to myself, a whole year, three-hundred-and-sixty-five days without contact, and that was my piece of sky.”Furrer replaces the conventional structure of a book— beginning, climax, conclusion—by starting out from the unbearable depths in the book’s first words and images: the death of a 6-year old child, drugged to shoot child pornography, and a photograph of blood-soaked panties with the caption, “Bloody underwear of a rape victim, age 3.” Each page from there pushes the boundaries.Furrer admits in the introduction that she often wished to abandon the project, to escape its intolerable stories. The reader is also tempted to close this nearly 700-page tome, almost as thick as it is wide, bludgeoned by its violence. We forge on, however, with clenched throats, to understand the complex subject Furrer has explored to its darkest depths. Professor Bruce D. Perry called this ten-year study, “an astounding work of transforming evidence.”Transforming—it’s the least we can say to describe the exhausted state in which the books leaves us, after reading the accounts of victims, rapists, families, doctors, transcripts from interrogations and children’s drawings whose distorted black-hatched mouths seems to cry out into the void. From this piece of sky, love has fled like birds in search of calm. In the background looms a society where any attempt to protest or curb the violence seems pathetic. How powerless the mothers look crying out in capital letters, “STOP RAPING AND KILLING OUR CHILDREN.” How useless the ten death sentences seem when their victims cannot be brought back to life. Mariella Furrer does not condemn the sexual abuse of children, but instead reveals the perversity of the consequences by juxtaposing normal life alongside the horrors, something that photography alone can convey.mariella.furrer@gmail.com
Lettre d’information
75004 Paris – France
+33 (0)1 42 74 26 36
ouverture du mercredi au samedi
de 13h30 à 18h30. Entrée libre
M° Rambuteau – Les Halles
Pour Que l’Esprit Vive
Association loi 1901 reconnue d’utilité publique
Siège social :
20 rue Lalande
75014 Paris – France
T. 33(0)1 81 80 03 66
www.pqev.org
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